Des hommes et des dieux et Un Prophète

Hélène de Roux : C’était votre première collaboration avec Xavier Beauvois, comme avec Caroline Champetier ?

Michel Barthélémy : Oui. J’avais fait le film d’Audiard, Un prophète, avec la même production, Why Not, et ils m’ont appelé pour me joindre à ce tandem assez atypique... Deux phénomènes du cinéma français !

HdR : Beauvois devait avoir travaillé avec d’autres chefs déco ?

MB : Certainement, mais sans dispositif lourd en décor... Les Why Not prônent un cinéma d’auteur « qui ne coûte pas cher », une économie drastique où on fait tout pour que le maximum aille à la prise de vues. Je crois qu’avec Jacques Audiard ils ont un peu redécouvert le travail du décor ! [RIRES] Pour Des hommes et des dieux il ne s’agissait pas de gros budget, mais d’une économie juste ; comme le tournage se faisait au Maroc, on a pu le faire dans le cadre d’un budget restreint, un peu moins de trois millions d’euros au total je crois (ce qui était un petit budget, il y a quatre ou cinq ans). Le décor a nécessité autour de trois cent mille euros. En coût de fabrication, le décor pèse en général environ 10 % du total, sauf cas exceptionnel : pour Un prophète c’était plus près de 20 % car c’était un décor très grand, spécifique, et un site énorme, accueillant les bureaux de production, les costumes, les ateliers, le montage, des décors annexes, permettant une synergie destinée à ce que tout aille à l’écran. Un lieu unique, comme pour le film de Beauvois. C’est une manière intelligente de produire : ne pas s’éparpiller, resserrer les coûts de logistique, si le scénario s’y prête bien sûr. Pour Des hommes et des dieux, il y a eu peu de déplacements hormis le chantier, le marché, ou encore la caserne ; tout le reste était dans le voisinage, les sublimes paysages, la forêt et le village, faubourg pauvre de la ville voisine. C’était un endroit extraordinaire, pourquoi se priver ? Dans le Moyen Atlas complètement à l’est, à la même latitude que Tibhirine, dans ce même pays berbère proche de l’Algérie...

HdR : Quand vous êtes arrivé sur le film, est- ce que la localisation était déjà déterminée ?